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Dire adieu aux hélices des bateaux ? Tel est le pari que Harold Guillemin (ESME Sudria promo 2014) a décidé de relever en créant sa start-up FinX ! Et pour y arriver, cette jeune entreprise prometteuse développe actuellement une nouvelle technologie de propulsion nautique bio-inspirée. Également CEO de la structure, l’ingénieur passé par le campus de Lille puis celui de Paris revient sur son parcours et sa vision du biomimétisme tout en confiant à l’ESME Sudria ses futures ambitions.
Harold lors des Rencontres Internationales de la Mobilité Durable à Saint-Tropez
Harold Guillemin : Après l’ESME Sudria, j’ai rejoint la start-up fondée par mon père, AMS R&D, pour l’aider à développer une nouvelle technologie de pompe industrielle nommée Wavera qui utilise une membrane ondulante à la manière d’une nageoire de poisson. Lancée en 2018, cette gamme 200 watts et 100 % électrique permet de propulser un fluide avec une économie d’énergie allant jusqu’à 30 %. Le business model d’AMS R&D est de licencier cette technologie à des fabricants de pompes pour sous-traiter toute la fabrication. Après quatre ans chez AMS R&D, étant bien au fait de cette technologie, j’ai voulu partir pour l’adapter au monde nautique et ainsi propulser des bateaux autrement qu’avec des hélices. Comment ? En utilisant une membrane qui ondule à haute fréquence et une faible amplitude, ce qui permet d’obtenir une propulsion à haut rendement.
C’est ça. Chez FinX, nous travaillons sur une propulsion nautique innovante. Cela peut être utilisé pour un moteur de bateau, un propulseur de plongeur, de drone ou de surf motorisé par exemple. Aujourd’hui, notre première gamme est 100 % électrique : c’est du 2 kilowatts équivalent à du 5 CV thermiques. Cette nouvelle propulsion permettra de pousser des petites annexes et voiliers jusqu’à 3 tonnes. Nous sommes en phase de développement et devrions la tester sur la Seine d’ici quelques semaines.
Cette technologie m’ayant toujours passionné, je ne cessais de penser qu’il fallait pouvoir aussi l’adapter à un univers touchant davantage le grand public et, de fil en aiguille, le nautisme s’est imposé à moi comme une évidence… peut-être parce que je suis breton de souche ! Mais bon, bien que breton, je suis bien plus ingénieur et technicien que navigateur et explorateur !
En anglais, « Fin » signifie « nageoire ». Quant au « X », il permet de développer un côté « sport et moderne ». Nous voulions un nom court et capable d’être compréhensible également à l’international, notamment sur le marché américain. On peut le prononcer à la française – « Fine X » – ou à l’anglaise – « Fine Ex ».
L’équipe de FinX aux côtés d’Albert II de Monaco
Harold lors d’une présentation de FinX au salon Viva Technology
S’inspirer du vivant, c’est passionnant. En ouvrant son esprit au biomimétisme, on se retrouve face à un potentiel de créativité illimité et l’on peut trouver beaucoup de solutions à des problèmes parfois très techniques. Typiquement, chez FinX, le biomimétisme a permis d’apporter des réponses à des questions liées à l’hydrodynamisme ou aux écoulements turbulents. Mais au-delà de l’aspect pratique, le biomimétisme nous rappelle aussi de rester humble car la nature a déjà des millions d’années de R&D en stock ! En tant qu’ingénieur, il serait bête de ne pas y puiser des inspirations. Ainsi, pour le développement de notre moteur, nous nous comparons sans cesse à ce qui existe déjà, que cela ait été créé par l’homme ou par la nature, afin de trouver le meilleur design possible. On est toujours meilleur quand on s’inspire de l’expérience des autres. Aujourd’hui, les ingénieurs ne peuvent plus se cantonner à leur laboratoire sombre !
Cela a eu lieu au premier semestre 2018, après avoir découvert l’existence d’un Master Entrepreneuriat en double-diplôme à l’ESSEC Business School et CentraleSupélec. Par semaine, le programme se composait en deux jours de coaching et trois jours focalisés sur le projet de création d’entreprise. Pour moi, c’était un bon moyen d’acquérir de nouvelles compétences business pour me lancer dans l’aventure, comme la gestion d’entreprise, le juridique, les levées de fonds, etc. Je me suis donc lancé dedans de septembre 2018 à juin 2019. Cela m’a permis de me focaliser sur le projet et de m’ouvrir plus de portes grâce au réseau d’Anciens, comme avec celui de l’ESME Sudria d’ailleurs.
Oui. Notre objectif est d’apporter sur le marché une technologie innovante, bien sûr, mais également d’y associer un aspect écologique fort. Notre première gamme à petite puissance compte bien permettre d’encore accentuer le développement de l’électrique dans le nautique. Actuellement, l’électrique représente une petite part de marché, mais cela augmente tout de même très fortement d’année en année, avec des normes de plus en plus strictes à respecter. Pour arriver à des puissances plus grandes dans les prochaines années, les moteurs passeront probablement par une forme hybride, voire thermique. Si l’on souhaite vraiment partir en mer, il faut un système robuste qui ne s’arrête pas au milieu de l’océan. C’est vers quoi on aspire : on remplacera l’hélice par un système ondulatoire pour gagner en efficacité et moins consommer que les technologies actuelles.
Nous sommes cinq actuellement, mais nous ne sommes pas seuls. Nous bénéficions aussi de l’aide d’experts sur différentes thématiques, de la simulation hydraulique à la mécanique. Nous avons aussi un advisory board composé de personnes du secteur, comme l’ex-PDG du Groupe Beneteau ou le directeur général d’Energy Observer. Dans les semaines à venir, nous devrions aussi annoncer le parrainage de FinX par un célèbre navigateur français. Son aura et son expérience nous seront très utiles, notamment pour apprendre à convaincre les marins qui aiment souvent les innovations… mais les préfèrent la plupart du temps sur le bateau des autres !
Nous sommes en train de la clôturer. Ce sera une levée de 300 000 euros auprès de différents « business angels » : tous appartiennent au domaine nautique et de l’industrie ou sont passionnés par les technologies de rupture à forts potentiels de croissance. D’ailleurs, cette levée a aussi été rendue possible grâce au soutien d’un Ancien de l’ESME Sudria ! En plus d’elle, Bpifrance devrait nous aider quasiment à la même hauteur et nous allons pouvoir compter sur des prêts bancaires et des subventions.
En fait, nous avons déjà commencé à enregistrer des précommandes pour une petite série de moteurs 5 CV pour annexes et voiliers qui sera livrée en juin 2020. L’objectif, c’est de pouvoir lancer une gamme de plus grande puissance en 2020 avec un motoriste ou un leader du domaine : nous espérons pouvoir proposer un moteur de 100 CV qui serait électrique, voire hybride, pour toucher un plus grand marché. En effet, le marché de la plaisance entre 100 et 250 CV est bien plus important que celui des petites puissances. De ce fait, à ce niveau, proposer une économie d’énergie significative est encore plus impactant et attractif. Ensuite, d’ici 4 à 5 ans, pourquoi pas parvenir à propulser un yacht avec notre technologie !
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Fondée en 1905, l’école d’ingénieurs ESME forme en 5 ans des ingénieurs pluridisciplinaires, prêts à relever les défis technologiques du XXIe siècle : la transition énergétique, les véhicules autonomes, la robotique, les réseaux intelligents, les villes connectées, la cyber sécurité, et les biotechnologies.
Trois composantes font la modernité de sa pédagogie : l’importance de l’esprit d’innovation ; l’omniprésence du projet et de l’initiative ; une très large ouverture internationale, humaine et culturelle. Depuis sa création, près de 15 000 ingénieurs ont été diplômés. L’école délivre un diplôme reconnu par l’Etat et accrédité par la CTI.
Etablissement d’enseignement supérieur privé – Inscription au Rectorat de Créteil – Cette école est membre de IONIS Education Group comme :